La condition juive dans l'histoire moderne exige
d'être traitée dans toute sa complexité, donc sa
difficulté. Je me suis attelé à cette tâche, autant
pour concevoir les temps modernes dont on ne
peut abstraire le ferment juif, que pour concevoir
la question juive dont on ne peut abstraire la question des
temps modernes. Bien que je veuille avant tout comprendre
et faire comprendre, je sais que la compréhension est
souvent mal comprise, et je ne peux affronter ce travail sans crainte
ni tremblement.
La notion de juif était claire quand elle indiquait une identité à la fois
de nation, de peuple, de religion. Dès lors que les juifs ont participé à
la culture et à la citoyenneté des gentils, la disjonction entre juif et
gentil a masqué la jonction accomplie entre ces deux termes devenus
complémentaires mais pouvant demeurer antagonistes selon les développements
du moderne antisémitisme (racial) qui succède au vieil
antijudaïsme (religieux).
Au terme de cet essai, il a fallu considérer la tragédie provoquée par le
nazisme, d'où est né l'Etat d'Israël, et où la notion de juif prend une
nouvelle signification. Par malheur, l'implantation d'Israël en terre islamique
a créé une nouvelle tragédie d'ampleur planétaire.
E. M.