Ce premier tome d’une oeuvre monumentale (une trilogie) est le plus récent des textes d’Adonis (parmi ceux qui ont été traduits). Il date de 1995 et a été écrit à Paris. Il se présente comme un manuscrit retrouvé du grand poète al-Mutanabbî (un surnom qui signifie: L'homme qui se donne pour prophète, de son vrai nom Abû Tayyib ibn al-Husayn) (915-965).
Il ne s’agit pas pour autant d’un pastiche, mais d’une revisitation de la poésie préislamique. Une poésie à la fois lyrique et narrative, qui évoque de nombreux événements sanglants, mais qui incite au détachement et à la sagesse. La position du poète est distante et ironique, mais, parfois, aussi, très engagée. Le poète se cache et se révèle derrière ce masque historique, qu’il se donne la liberté de commenter librement, sur des colonnes séparées, avec des annotations.
Un narrateur déclame des poèmes ou raconte des histoires (réelles ou symboliques, historiques ou mystiques) qui sont commentées. Le tout de force d’Adonis consiste, comme il l’a fait dans son autre chef-d’oeuvre, Chants de Mihyar le Damascène(Gallimard) à substituer à sa propre voix celle d’un autre et à charger cet autre de la conscience politique actuelle. C’est ce subtil jeu entre les époques et les cultures qui constitue tout le projet .