Quel mal frappe soudain cette main de
l'écrivain qui ne peut plus écrire ? Crampe
professionnelle, paralysie, diablerie, délire du
corps ? Quelle mémoire de la douleur ? Un symptôme
révélateur qui rameute les vieux conflits, toutes les
angoisses au tournant de l'amour et de la vie.
Nur, l'Égyptienne qui vit en France depuis qu'elle s'est
séparée de Balkis, son amante restée au Caire, ne peut
entretenir avec le narrateur qu'une relation ambivalente,
faite de compromis érotiques. Nur est surtout une
cavalière qui voue une passion à son alezane, Melody
Centauresse.
Par-delà toute une série de tentatives thérapeutiques
aussi aléatoires que rocambolesques, ce sera, justement,
grâce à la présence vitale et sensuelle des chevaux que
l'amant tiraillé trouvera le moyen de soigner sa blessure,
de la panser, en quelque sorte ! Il engage une cure
d'intimité avec les robes brunes ou dorées, les encolures
et les crinières, leur parfum obsédant... C'est un paradis
prodigieux dont la vision centrale est l'amante montée
sur sa jument nue. Telle est la double héroïne du
roman, sa figure séductrice et gémellaire.
L'histoire de Noir Titus, le pur-sang meurtrier et
caché, apporte un surcroît de maléfice et de fascination
dans cet univers où tous les personnages sont autant de
complices qui finissent par confier leurs désirs, leurs
écarts, les déchirures et les désarrois de leur vie. Danse
avec les chevaux pour conjurer la main du destin.