Christian a vécu auprès de Claude depuis l'adolescence.
Ils ont quitté ensemble leur province pour
venir à Paris se consacrer à l'art : la peinture pour
Claude, pour Christian, la littérature et le théâtre.
Pendant plus de trente ans ils ont tout partagé.
Claude meurt. Christian est anéanti par le chagrin.
Sans son alter ego, sa vie est finie. Mais quand la
vie est finie, elle continue : le travail dans l'édition,
les émissions de France Culture, les amis, les
garçons.
Christian a tenu le journal quotidien de ce désespoir
qui le ravage mais que, par atavisme protestant,
il dissimule, s'efforçant de se montrer tel qu'il a
toujours été : lucide, curieux de tout, attentif aux
autres, drôle. Souvent il est le premier à juger
inquiétant et parfois scandaleux ce dédoublement.
Il ne se censure pas pour autant.
Il ne s'agit pas de prendre la pose, ni d'éviter le
risque de choquer, ni, à l'inverse, de provoquer. Il
s'agit de noter, au plus près du vrai, ce qui advient
après Claude.