C'est d'abord l'histoire d'une fuite, une fuite à toute allure vers
le sud, dans l'émerveillement qu'on a du mal à refuser, une fuite
encore plus au sud auquel on croit toujours même si on a commis
l'irréparable.
On va en Italie, jusque dans les Pouilles, à Bari au bord de la mer.
C'est une ville déjà tournée vers l'Orient mais qui a l'air peu ou
prou de la ville d'où on vient et les femmes qu'on y rencontre
ressemblent à s'y méprendre à celles qu'on a laissées derrière soi.
Tout voyage, toute idée de voyage est impossible. Plus on s'approche
de l'Étranger, plus il se fait notre semblable. Nous ne savons que
reconnaître.
Avons-nous seulement connu, avons-nous seulement connu l'amour,
ce qu'on continue obstinément d'appeler l'amour ?
Pourtant, même si tout a échoué, même si on ne peut espérer
aucun pardon, il nous reste un appétit insatiable, intact, dont
l'énormité fait souffrir justement quand on n'a plus rien à se
mettre sous la dent.