«Mademoiselle Albertine est partie !»
Juin 1986 : dix ans après le départ de son «Albertine», le narrateur
de ce livre revient sur les lieux de la disparition. Il retrouve son
Midi, son village des Corbières, et sa maison familiale, comme si
rien - ou presque - n'avait changé... lorsque s'annonce le retour de
la Fugitive. Doit-il l'attendre ? Doit-il, à son tour, la fuir ?
Il consulte les vieux livres de chevet (Proust bien sûr, qui semble
l'inviter à retrouver le temps, mais aussi la comtesse de Ségur), ces
livres que sans doute il n'a pas su lire, puisqu'il découvre (un peu
tard...) qu'ils auraient pu lui servir de conseillers, de guides, voire
d'oracles ; et il interroge des images : sept cartes postales oubliées,
représentant le village d'autrefois, qu'il recompose comme les morceaux
d'un impossible puzzle, dans l'espoir qu'elles lui racontent à
nouveau une histoire qu'il n'a toujours pas comprise.
Ce voyage dans le temps le replonge au milieu des années 70 :
l'époque où Bayreuth célébrait son centenaire, et où les metteurs en
scène revisitaient - magnifiquement, et sarcastiquement - les oeuvres
du passé. L'époque où régnaient le «second degré», l'esprit critique,
l'ironie - celle d'une génération stérilisée à la fois par sa culture et
son ironie.
Au radical défi de Kafka, «Dieu ne veut pas que j'écrive, mais je
sais que je dois écrire», comment répondre aujourd'hui ?