Le nom de la ville, Amanscale, viendrait dit-on du mot «aisselle» en grec. Il faut en effet imaginer l'émerveillement des premiers marins grecs qui aperçurent la baie encore inhabitée ; émerveillement teinté de cette particulière mélancolie qui poigne le voyageur privé d'amante. Baie à la courbure aussi parfaite que celle que dessine le puissant mouvement d'une nageuse de crawl passant son bras au-dessus de la tête et découvrant ainsi son aisselle, ce nid infiniment émouvant appelé à donner ainsi naissance à Amanscale.
Linda Groote - un vrai nom de troll, si peu accordé à cette ville au bord de la mer - éprouve pour Amanscale, aujourd'hui malmenée, une fascination intacte. Linda Groote malmenée elle aussi par cette lumière et par cette baie resplendissante face à laquelle elle ressent trop continûment sa solitude et peut-être même sa perdition.
Linda Groote - insistons là-dessus - sait à peine qu'il y a au nord, au-delà du quartier méprisé par les habitants de cette ville-proue, un volcan éteint depuis toujours et qui est comme la nuit cachée d'Amanscale.