Céline attend un enfant, un garçon. On l’appellerait Clément, propose le père. Un prénom comme un autre, plutôt doux et paisible, mais qui réveille chez Céline le spectre d’une vieille légende familiale. Celle du père de son grand-père, de Clément, Clément le joueur, Clément l’homme qui aimait les femmes. Un fantôme d’autant plus impressionnant et redoutable qu’il est auréolé de silence.
Pour exorciser le maléfice, écarter de Clément l’ancien, Céline cherche à savoir la vérité sur son ancêtre maudit. Auprès de sa mère, Florence, auprès de son grand père, Julien. Trois générations tentent de dessiner sur la même feuille, comme sur un palimpseste, le portrait d’un homme qui avait le démon chevillé à l’âme. Trois générations, trois langues – le français, le castillan, le catalan -, la guerre d’Espagne, la Résistance, les frontières passées et repassées : c’est le poker de la vie qu’on a l’orgueil de na pas quitter même quand les cartes sont mauvaises. C’est l’héritage de Clément.