Personnages dans un rideau. Ces personnages sont les figures masculine et féminine brodées sur les deux médaillons d'un rideau. Dans le premier ils s'avancent à la rencontre l'un de l'autre; dans le second ils se sont déjà croisés.
Sous leurs yeux indifférents, Édith, une femme encore jeune mais confinée chez elle par la maladie, au cours des conversations qu'elle a presque chaque jour avec un ami, Gardeni, tente d'évoquer, telles qu'elles lui parviennent à travers les confidences de Simon, les péripéties de l'indécise réconciliation de ce dernier avec Sylvia.
Qu'est-ce qu'une réconciliation? Une histoire d'amour revécue à l'envers? Une action menée sous l'emprise de la mémoire? Une manière de ressaisir sa vie?
Livrée aux nécessités incertaines de la parole et à ses hasards impérieux, cette tentative de récit ne peut échapper à l'obligation de devoir affronter dans leur simultanéité tous les aléas du langage, du désir et de la pensée. C'est qu'une réconciliation pourrait bien être aussi la forme suprême de l'amour et son but. Se réconcilier, ce serait enfin aimer.
A mesure qu'elle devient malgré elle prisonnière de son corps et historienne de la vie d'un autre, Édith découvre qu'elle est investie d'une mission : transmettre un message dont elle ignore la destination. " Une parole avait été proférée depuis les origines et dans le passage d'une personne à l'autre elle était déformée, trahie, inventée. Déchéance et art, beauté et indignité."