« Imagine un souffle qui cherche une bouche, une étincelle qui court dans le champ, un tout petit espoir très féroce : c’est moi ! »
Tout est en place. Les êtres et les bêtes et les choses et la lumière parfaite d’un premier jour d’été. Prédestiné, impatient, déjà vivant au fond de mes limbes, je vois tout. Trente-sept ans plus tard, je vois tout et je te raconte. A toi qui feras l’enfant, notre enfant. Je te parle du village, de la réserve indienne, de mon père et de ma mère extravagants d’amour et qui fuient un autre village, je te parle de leur drôle de voyage de noces. Je te dis combien je suis présent déjà entre eux, presque né. Sortis de ma mémoire imaginante je te dis les sortilèges, les drames et les radieux mystères qui ont présidé à ma venue au monde. Et au bout de mon récit, quand je t’ai tout dit, mais surtout le plus beau et le pire (écoute mon amour, ils montent dans la chaloupe), notre enfant à nous est commencé.
Cette fois encore, Robert Lalonde invente et impose un territoire à la fois universel et privé où se mêlent obsessionnellement l’enfance métisse et le jour le jour amoureux. Dans cette Belle Journée d’avance magiquement rivée à l’enfance, l’auteur se joue du temps qu’il s’approprie en grand romancier. L’Amérique n’est pas loin, l’Europe est encore proche.