Ni transhumain, ni posthumain ou inhumain, le « presque-humain » désigne un nouveau domaine : celui qui se dessine en deçà ou au-delà de l’humain, là où notre condition devient une question plutôt qu’une évidence. Que nous disent-ils de ce que nous sommes devenus, ces êtres (zombies, mutants, robots, cyborgs, goules, etc.) qui, sans être nos semblables, nous ressemblent cependant, au point parfois de devenir des caricatures de nous-mêmes ? Qu’ils soient amis ou ennemis, ces êtres fictifs hantent notre imagination, nous promettent un avenir souvent inquiétant, remettant en cause notre autonomie. Ils nous rappellent qu’être humain, c’est toujours être susceptible de faillir. Entre menace de chute et rêve de plénitude, les presque-humains interrogent de manière originale ce que c’est qu’endosser un costume de femme, d’homme, ou simplement d’humain.
S’appuyant sur de multiples personnages de fiction aux marges de l’humanité, cet essai explore ces figures aujourd’hui populaires pour questionner leur désir d’être simplement humaines – aspiration souvent contecarrée par la nature, la technique ou la société. Si nous fantasmons parfois d’outrepasser notre condition et de nous arracher à nos origines, les presque-humains nous rattachent à l’idée d’humanité – que celle-ci constitue une promesse, une déchéance, un stade à dépasser ou une émergence à venir.
Thierry Hoquet est professeur de philosophie à l’université Paris Nanterre. Il est spécialiste de l’histoire et de la philosophie de la biologie. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Darwin contre Darwin (Seuil, 2009) et Cyborg philosophie (Seuil, 2011).