« Je m’appelle Gabriel, j’ai 22 ans. Je m’appelle Sébastien, j’ai 30 ans. Je m’appelle Antoine, j’ai 27 ans. Je m’appelle Frédéric, j’ai 36 ans. Je m’appelle Ayhan, j’ai 53 ans. C’était le samedi 24 novembre. C’était le 1er décembre. C’était le 8 décembre. C’était à Bordeaux. C’était à Tours. C’était place Pey-Berland. C’était place Jean-Jaurès. C’était sur le boulevard Roosevelt dans le XVIe arrondissement. Ça s’est passé le 9 février devant
l’Assemblée nationale, à Paris. »
Dans ce livre, pas une phrase n’est de Sophie Divry. Toutes sont issues d’entretiens réalisés entre septembre 2019 et février 2020 avec les cinq manifestants mutilés de la main lors du mouvement des Gilets jaunes. Ils étaient tous droitiers, ils ont tous perdu la main droite. Il travaillait à l’usine, il amarrait des bateaux, ils étaient plombier, étudiant ou apprenti chaudronnier. Un samedi de manifestation, leur main a été arrachée par une grenade bourrée de TNT, et leur vie n’a plus jamais été la même.
Chacun a raconté son histoire à l’autrice, qui en a fait un choeur.
Parce que c’est une seule et même histoire, celle de manifestants démembrés alors qu’ils formaient un même corps.
Sophie Divry, née en 1979, est une écrivaine française. Elle est diplômée de l’École supérieure de journalisme de Lille et de l’IEP-Lyon. Elle a publié six ouvrages, des fictions et des essais, dont La Condition pavillonnaire en 2014 (mention spéciale du prix Wepler-Fondation La Poste) et Trois fois la fin du monde en 2018 (prix de la Page 111).