De même qu’il n'existe un modèle unique de l’analyse, on ne peut trouver de portrait au singulier de l'analyste ordinaire. L'analyste « extraordinaire » est, quant à lui, toujours unique dans le tableau qu’en font ses adorateurs. Mais est-il encore analyste ? Anna Freud rapporte une conversation avec son père sur ce sujet, dans une lettre à une amie en août 1926 :
« Récemment, papa et moi sommes tombés d’accord, dans une conversation, pour estimer que l’analyse n’est pas une affaire d’êtres humains, mais qu’on devrait être quelque chose de bien mieux – je ne sais toutefois pas quoi. »
Les collaborateurs du numéro 22 de la revue penser/rêver se proposent ainsi de répondre aux problématiques suivantes : Un psy ordinaire est-il un psy « sans qualités » ? De quels lieux peut-on percevoir l'ordinaire ? L’ordinaire psychanalytique est-il comparable à d'autres ? Et la démarche freudienne est-elle compatible avec autre chose – une politique, une éthique, un savoir, une croyance, etc. ? – qui serait à la fois sa limite et un champ nouveau, à annexer ? Comment expliciter les recommencements nécessaires, quels noms leur donner ? Peut-on reconstruire une généalogie de la démarche freudienne ? Et si le « sans fin » de l’étude de Freud avait été pris pour un « sans limites » ?