Le djihad et la mort
« Nous aimons la mort, vous aimez la vie. » Ce slogan djihadiste est la vérité nihiliste d’une violence radicale en quête de cause. Qu’il s’agisse de commettre un attentat sur le sol européen ou d’œuvrer à la restauration du Califat par le sacrifice, la mort du terroriste est la finalité par excellence de son engagement.
La force de ce phénomène est de jouer sur nos peurs. Le seul impact stratégique des attentats est leur effet psychologique : ils ne touchent pas la capacité militaire des Occidentaux ; ils ne touchent l’économie qu’à la marge ; ils ne mettent en danger les institutions que dans la mesure où nous les remettons nous-mêmes en cause, avec le sempiternel débat sur le conflit entre sécurité et État de droit. La peur, c’est celle de l’implosion de nos propres sociétés.
Olivier Roy
Directeur de recherche au CNRS, il enseigne à l’Institut universitaire européen de Florence. Il a notamment publié, au Seuil, L’Islam mondialisé (2002), La Sainte Ignorance. Le temps de la religion sans culture (2008), En quête de l’Orient perdu (2014) et L’Europe est-elle chrétienne ? (2019).