La mythologie démocratique voudrait que le vote soit une pratique individuelle et secrète. On sait depuis longtemps qu’il n’en est rien. Poursuivant les réflexions sur les formes collectives de l’acte de voter, ce numéro étudie celles et ceux qui en sont les intermédiaires. C’est que, si la littérature classique a bien mis en évidence le travail d’encadrement électoral que réalisent les organisations politiques et leurs réseaux, les modalités effectives de production des votes restent mystérieuses.
En réalité, parallèlement aux campagnes militantes et aux informations médiatiques sur lesquels les commentateurs insistent volontiers, les groupes d’appartenances et les sociabilités « ordinaires » jouent un rôle décisif. C’est en famille, entre amis, entre collègues, au travers de menues interactions quotidiennes souvent labellisées comme non politiques que s’interprète l’offre électorale et que s’opèrent, le cas échéant, les arbitrages des citoyen.ne.s.
Les articles réunis dans ce dossier insistent sur les contextes géographiques et sociaux (urbains, ruraux, péri-urbains) en France pour mettre au jour la variabilité des intermédiaires, rarement orchestrés par les professionnels du champ politique, mais assurant des affinités entre offres et attentes, puis soutiens électoraux. Ces intermédiations sont incompréhensibles sans caractérisation sociale de ces contextes tant les affinités électorales se construisent en écho aux affinités électives des groupes primaires d’appartenance.