Friendship, dans le Wisconsin. Jacob Hansen sillonne à bicyclette cette ville dont il est le shérif, le pasteur et aussi l’embaumeur. Il aime les journées éclatantes, alanguies, de l’été. Mais voici qu’il découvre un mort – sans doute un soldat perdu, qui a échoué là, après la guerre de Sécession. Lorsqu’il amène le corps chez Doc Guterson, celui-ci est formel : c’est la diphtérie qui l’a tué, il faut être prudent, éviter l’épidémie.
Jacob Hansen se souvient de cette guerre, il en est revenu avec une phobie des chevaux et un intérêt sentimental pour les morts. En dépit des recommandations de Doc Guterson, il embaume le corps du jeune soldat, à ses risques et périls. Le mal frappe les siens, et se répand dans la ville, tandis que l’incendie qui embrase l’horizon depuis quelques jours se rapproche.
Un mal qui répand la terreur est un récit gothique plongé dans une lumière aveuglante, sous un ciel de cendres. Et, comme chez Edgar Poe, c’est l’ombre qui triomphe de la lumière.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean-François Ménard.