« Au cours de la nuit, une sorte de miracle se produisit : l’âge de Jim grandit d’un chiffre. Il avait neuf ans en allant se coucher, et dix ans à son réveil. Le chiffre supplémentaire avait un poids, en cela comparable à un muscle, et Jim le soupesait tel un prix. Les oncles avaient tous un âge à deux chiffres. Jim aussi, désormais. Il sourit, s’étira et huma le matin. Fumée de bois, biscuits en train de cuire, fraîche senteur de rivière de la rosée.
Il était en vie depuis dix ans. Son père, qui s’appelait lui aussi Jim Glass, était mort il y avait dix ans et une semaine. Cela faisait beaucoup à penser avant le petit déjeuner. »
Jim Glass : un an dans la vie d’un jeune garçon à Aliceville, une petite commune de Caroline du Nord, au début des années trente. Une vie simple, entre sa mère et ses trois oncles – Zeno, Coran et Al –, à une époque où la Dépression économique touche les campagnes. Tony Earley fait le portrait de cette Amérique rurale et dévoile, derrière son apparente naïveté, ses secrets les plus intimes.
Par sa limpidité et sa sobriété, Jim Glass est un retour aux sources du classicisme américain, du côté de Tom Sawyer. Salué aux États-Unis par une critique unanime, il a été traduit dans le monde entier.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Laetitia Devaux.