Écrire ses mémoires à l’âge de quarante ans peut sembler un projet bien étrange. À moins que le but ne soit de découvrir, à travers l’autobiographie, le sens d’une identité collective. C’est ce que tente Rick Moody, dans ce livre étonnant qui est à la fois une auto-analyse, un traité de la mélancolie, un essai sur l’Amérique et sa littérature et une Lettre au père.
S’il entreprend de raconter certains moments-clés de sa propre vie – sa liaison avec une jeune femme alcoolique, son enfermement volontaire dans un hôpital du Queens, sa toxicomanie, ses tendances dépressives et ses phobies –, c’est pour mieux les faire entrer en résonance avec une autre histoire, celle de son ancêtre Joseph Moody, qui inspira à Nathaniel Hawthorne Le Voile noir du pasteur, ce conte dans lequel un prêcheur décide de dissimuler pour toujours son visage derrière un voile noir.
Au terme de son enquête, après avoir lui-même porté le voile, Rick Moody découvre que « la généalogie est un rêve, comme la famille ». Car « la dissimulation est essentielle à l’identité… Tous les livres de mémoires sont des fictions, des narrations construites, des Bildungsromane, tout comme de nombreuses fictions sont des mémoires voilés. »
Brillant, provoquant, alternant l’humour et la dramatisation, ce texte unique en son genre a provoqué outre-Atlantique effroi et admiration : « tout simplement splendide » ( The New York Times ), « terriblement risqué » ( The Washington Post ), « impressionnant » (Ron Hansen), « déroutant » (Joanna Scott), etc. Disons simplement qu’il s’inscrit d’emblée parmi les grands classiques de la littérature américaine.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Emmanuelle Ertel.