En 1992, suite à un long conflit entre la France et le Canada concernant la délimitation des eaux territoriales de Saint-Pierre et Miquelon, un tribunal international d’arbitrage siégeant à New York rend un verdict qui restreint les droits de pêche traditionnels et le « plateau continental » de l’archipel français. Ne lui est concédé qu’une étroite bande de mer (surnommée le “tuyau de poêle”) qui met sa survie en péril.
Cette menace se profile dès l’ouverture du livre en ce mois de juillet 1988 où, revenu à Saint-Pierre pour l’enterrement de son père, l'auteur-narrateur a apporté avec lui le premier volume de L’Œuvre des mers qui va paraître en métropole quelques semaines plus tard.
Englobant deux autres séjours dans l’archipel (en 1995 pour le tournage d’un film et en 2005 pour l’enterrement de son frère cadet) ainsi qu’un journal posthume rédigé par Monsieur, l’ancien instituteur qui se prenait pour Jacques Cartier, Les Eaux territoriales prolonge L’Œuvre des mers à la façon d’un Supplément.
Chronologiquement greffé aux volumes précédents, mais formant un tout en soi, Les Eaux territoriales incorpore au récit des épisodes liés à la réception de L’Œuvre des mers et à sa genèse devenue une couche fertile de souvenirs. S’y multiplient des allusions littéraires dont le narrateur semble se faire un rempart dans le territoire de son enfance qu’il reconnaît de moins en moins.