Chacun des trois volumes d’Histoires d’escrocs est lisible séparément : en s’appuyant sur trois romans populaires prémonitoires du XIXe siècle, l’auteur fait chaque fois l’histoire des « affaires » actuelles – crédit, « valeurs », fraude – et expose leurs ressorts, comme un détective minutieux.
Après La vengeance par le crédit ou Monte-Cristo – l’histoire de la ruine du banquier Danglars par le comte de Monte-Cristo, qui obtient de lui un « crédit illimité » en le saoulant de rhétorique ; après La banqueroute en famille ou les Buddenbrook, quand Thomas Mann décrit la chute d’une famille et de ses valeurs, les financières comme les morales – la violence du capitalisme prendrait-elle naissance en famille ? –, le troisième tome s’appuie sur Melville et L’Escroc à la confiance où c’est le principe de la mascarade qui est le véritable héros.
C’est une théorie de la fraude, consciente et inconsciente – et de la mascarade qui camoufle sans doute tout escroc à ses propres yeux –, qu’élabore Jean-Michel Rey dans ce dernier tome d’une inquiétante histoire de l’escroquerie.