Ce cours entre dans la philosophie de Nietzsche en analysant le rapport qu’elle entretient avec celle de Kant. Il montre comment le soupçon nietzschéen peut être compris comme un achèvement de la critique kantienne.
Il y a chez Nietzsche une conception de la connaissance, qui prend sens par rapport à celle de Kant, c’est-à-dire une analyse du statut de la représentation et de la formation des concepts à partir du travail de l’imagination sur les sensations. Ce que dit Nietzsche sur la connaissance, à savoir qu’elle est une imposition de sens sans valeur de vérité, vaut pour son propre discours et permet de le comprendre comme interprétation. De là le souci autoréférentiel systématique de Nietzsche, dans la mesure où on ne peut pas parler du monde sans être renvoyé à son propre discours et au problème de sa fondation.
Cette voie pour aborder Nietzsche permet de comprendre le statut méthodologique de la volonté de puissance et le rôle éthique de l’éternel retour à titre de revalorisation du sensible – valeur suprême à laquelle est subordonnée la production de sens. Elle permet aussi de comprendre, plus largement, comment les processus d’objectivation sont toujours le corollaire de processus de subjectivation par et dans lesquels se constituent des communautés culturelles que Nietzsche nomme « races ».