La trilogie de Matrix est-elle autre chose qu’une formidable machine commerciale ? Oui, c’est une machine philosophique. Et cependant elle n’aurait pas eu le succès que l’on connaît s’il s’agissait seulement d’un film « pour philosophes ». Le film est saturé de lieux communs philosophiques et de références ouvertes ou occultes à toute la tradition : de Platon à Baudrillard en passant par Descartes. Mais tout cela ne suffit pas à en faire un film philosophique, ni de la philosophie mise en film. L’ambition des réalisateurs était de fabriquer un « film d’action intellectuel ». C’est bien de cela qu’il s’agit : un film d’action qui, en mêlant la fable et le concept, le spectacle et la spéculation, produit des effets théoriques. Ces eff ets concernent des thèmes aussi variés que le réel et le virtuel, la liberté humaine et les raisons du choix, la cohabitation de l’homme et des machines, le statut des lois de la nature, la puissance de l’amour, le syncrétisme religieux.
Matrix, machine philosophique peut se lire comme une sorte de guide de l’utilisateur à l’attention de ceux qui ont aimé le film, qui l’ont détesté, ou qui se demandent simplement ce qu’on peut en penser.