Freud n’a pas « découvert » l’inconscient, et le crédit qui lui est fait de cette invention est une des plus grandes mystifications de notre siècle. Il règne, de nos jours, un « romantisme » de l’inconscient que seule explique la fascination du refoulement.
En revanche, l’inconscient a une histoire, qui commence à la fin du xviie siècle et se poursuit de nos jours : c’est celle, d’une part, d’un concept psychologique, utile mais limité, et, d’autre part, des innombrables utilisations qui ont été faites du mot pour désigner des notions de tous ordres — philosophique, psycho-logique, psychanalytique — et qui, loin de constituer un tout cohérent, donnent plutôt une impression de désordre. Mais ce désordre est riche, plus riche en tout cas que les présentations de l’inconscient actuellement à la mode.