L'expérimentation humaine est un sujet sensible. D'abord parce qu'il touche de près l'homme, son intégrité physique et morale. Il le touche, ou plutôt le brouille, l'affaiblit, le tue aussi. Ensuite, parce qu'il appelle la mémoire collective, et notamment les actes abjects des nazis commis sur les déportés, sous couvert d'une blouse blanche. Enfin, parce que, malgré les précautions des réglementations, il bouleverse encore les consciences et laisse planer de grandes interrogations sur la définition de plus en plus complexe d'une éthique universelle.
Car soigner et sauver l'être humain si l'on ne considère pas, à un moment ou un autre, comme un cobaye ? Comment lui promettre du bien, si, avec une intensité plus ou moins forte, on ne lui injecte pas du mal ? Comment définir des thérapeutiques médicamenteuses ou chirurgicales, sans sa participation volontaire, libre et éclairée ? La loi du 20 décembre 1988 qui permet justement de protéger l'individu des abus sur sa personne, a permis de (dé)limiter l'intervention du médical dans sa recherche, et réciproquement.
Aujourd'hui, le coût des traitements est considérable. Les laboratoires pharmaceutiques tiennent le monopole de la recherche expérimentale, qu'ils sont les seuls à pouvoir vraiment financer. Qu'est-ce que cela augure ? La question est d'autant plus pressante que face à la persistance de graves maladies, ces entreprises devront opérer des choix. Des choix forcément discrétionnaires, arbitraires.
Ce livre, synthèse de débats philosophiques sur le thème de l'expérimentation humaine, apporte des réponses à l'un des sujets les plus brûlants de cette fin de siècle.