" Nouveaux réactionnaires " : surgie à l'orée des années 2000, cette appellation à haute intensité polémique n'en finit pas d'alimenter notre débat intellectuel. Mais qu'y a-t-il de commun entre la pensée philosophique de Marcel Gauchet, les interventions à chaud d'Alexandre Adler, la phraséologie aristocratique de Renaud Camus et les best-sellers d'Eric Zemmour ? Entre la fermeté républicaine de Régis Debray et le " parler peuple " de Robert Ménard ? Entre le chevènementisme de Natacha Polony et la nostalgie des provinces françaises convoquée par Denis Tillinac ? Le spectre est large, regroupant des écrivains, des philosophes, des intellectuels dits " médiatiques ", des historiens, des journalistes. au risque de la confusion et de l'amalgame.
Les auteurs réunis dans cet ouvrage proposent pour la première fois un décryptage dépassionné de cette nébuleuse, soulignant la diversité des champs, des horizons d'appartenance et des registres d'expression qui façonnent l'identité mouvante des " néo-réacs ". Un certain nombre d'options idéologiques sont néanmoins partagées par la plupart d'entre eux, sur fond de désenchantement démocratique et de hantise du déclin : critique de Mai 68, de la libération des mours et d'un féminisme institué en dogme ; rejet du relativisme culturel, du " droit-de-l'hommisme " et du primat accordé aux minorités ; refus d'une société " métissée " et de l'" antiracisme institutionnel ".
Une étude stimulante et argumentée des transgressions conservatrices qui ont fait des " néo-réacs " le brandon de discorde des joutes intellectuelles franco-françaises.